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Comment concevoir une murder pour des temps de formation ou d'animation

  • Photo du rédacteur: Thomas Quentin
    Thomas Quentin
  • 30 déc. 2023
  • 8 min de lecture

Dernière mise à jour : 31 déc. 2023



Une murder party ?

De quoi parle-t-on pour les plus novices d'entre vous ? Il s'agit d'une forme de jeu de rôle grandeur nature, où les joueurs et joueuses interprèteront physiquement le rôle qui leur sera attribué. On parle également de soirée enquête, huis clos mystère, soirée meurtre et mystère. Intriguant non ? 🕵️‍♀️

Dans ce cadre, les joueurs et joueuses vont s'attacher à résoudre une énigme policière, en incarnant les protagonistes de l'histoire. Ce type de jeu va donc croiser du théâtre d'improvisation avec un scénario d'enquête ou une aventure policière. Vous l'avez compris, l'un des intérêts principaux du jeu est d'interpréter les rôles des personnages d'une histoire.


les intérêts dans un cadre professionnel ?



Le support ludique de la murder party va permettre, selon moi, d'optimiser 8 points leviers. Ces points sont à considérer selon si vos intentions concernent la cohésion de groupe, la sensibilisation sur une thématique ou l'ancrage d'un apprentissage, mais également dans la résolution de problèmes qui peuvent être rencontrés dans le cadre d'un projet ou sur le lieux de travail.


  1. Engagement : La murder party va permettre de plus facilement captiver l'attention des participantes et participants grâce aux éléments qui la constituent : l'univers dans lequel évoluent les joueurs et joueuses (contemporain, dystopique... ), ses personnages, son intrigue. Il faudra donc bien réfléchir à ce qui pourra les captiver au mieux dans ce cadre. Personnellement, j'ai une préférence pour la période des années folles, les années 20 du siècle dernier. L'univers des Conan Doyle ou d'Agatha Christie parle aux plus nombreux et les figures enquêtrices sont devenues des références du genre (Sherlock Holmes, Hercule Poirot, ou Adèle Blanc-Sec dans un cadre plus récent...et plus féminin).

  2. Collaboration : La murder party encourage la collaboration et la communication entre les participants. Sans cela, les joueurs et joueuses passent à côté d'éléments qu'il est nécessaire de mettre en commun pour avancer afin de résoudre l'énigme. Nous le verrons plus loin dans la conception de ce type de support ludique, il est impératif de créer des passerelles entre les participantes et participants.

  3. Résolution de problèmes : La murder stimule la pensée critique et la résolution de problèmes dans un contexte amusant. Vous pouvez donc vous servir de ce levier au premier degré, mais également de manière plus approfondie si par exemple vous souhaitez amener la résolution d'un problème existant dans votre contexte professionnel. Vous travaillerez ainsi en toute intelligence collective.

  4. Apprentissage actif : C'est le cas de la plupart des supports ludiques, d'où mon attachement à la facilitation ludique. La posture active des participantes et participants favorise l'apprentissage en les impliquant directement dans le processus (1).

  5. Mémorisation : Les participantes et participants, bien avant un ancrage permettant le rappel des connaissances, vont pouvoir mémoriser des informations clés ou des messages que vous souhaitez leur transmettre. Un support ludique comme la murder party va améliorer la rétention des informations grâce à une expérience plus immersive qu'un discours formel et descendant.

  6. Dynamique de groupe : Il est toujours important d'observer les dynamiques de groupe et d'identifier les compétences interpersonnelles comme l'attention portée aux autres, et l'empathie par exemple. Les debriefs qui s'en suivent sont toujours formateurs et riches d'enseignement, tant individuel que collectif. La murder party va, comme beaucoup de jeux à interaction directe, mettre à plat les interactions vis à vis du résultat attendu (résoudre l'énigme).

  7. Flexibilité : La murder party peut aisément s'adapter à divers sujets et objectifs de formation. Nous le ferons plus précisément dans les étapes de conception.

  8. Détente : Ce levier est valable pour beaucoup de jeux, En effet, la murder party par son immersion dans "la bulle magique" (2), mais également dans l'immersion narrative et improvisée que peut procurer une formation expérientielle de ce type, va procurer un moment de détente, réduisant le stress et favorisant un environnement positif.


Concevoir sa propre murder party


Votre univers

Il faut déterminer dans quel cadre vous allez proposer votre murder; Il y a une infinité de possibilités. Il est donc important de vous poser les questions qui vont déterminer votre choix :

  • Quel univers facilitera le jeu et l'improvisation de mes participants ?

Certaines personnes se projettent plus facilement dans des univers qui leur sont proches, évitez le plus possible les univers futuristes sauf si vous travaillez sur des notions de prospectives... et encore. Pourquoi? Pour la simple et bonne raison qu'il est plus facile de s'adapter au passé, car les choses sont connues. Il est par conséquent plus facile pour un joueur ou une joueuse de préciser l'action qu'il/elle veut réaliser ou interagir sur des transactions économiques du passé que dans un cadre futuriste.


  • En quoi l'univers choisi va faciliter mes intentions pédagogiques ?

Si vous souhaitez sensibiliser vos participantes et participants sur la transition écologique, en quoi les années folles pourraient vous y aider ? Est-ce bien judicieux de travailler sur les violences avec le besoin de résoudre un meurtre ? Est-ce que mon univers fictif va permettre aux participantes et participants de se concentrer sur le jeu pour uniquement les raccrocher avec une réalité du terrain au moment du débrief ?


Les personnages

c'est le point le plus important mais aussi le plus critique. Il faut en effet autant de personnages de que participantes ou participants. On le sait tous en formation, il y a toujours des absents. Je concilie souvent cette approche avec celle des personnes qui osent moins ou qui ne souhaitent pas être au centre de l'histoire. La solution est de créer des personnages de second ordre pour palier à ces deux problématiques.

Quels sont les points importants pour créer vos personnages :

  • Définir, dans un premier temps, leurs informations publiques. Autrement dit quelles informations seront connues de tout le monde. Son métier, son statut social, son affiliation familiale....

  • Définir, dans un second temps, les informations, que seuls les personnages connaissent, c'est ce que j'appelle les informations secrètes. Ces informations vont donner des pistes quant à l'interaction entre les personnages et l'intrigue de votre murder.

  • Proposer, de manière optionnelle et pour faciliter l'interprétation des personnages par les joueuses et les joueurs, un style vestimentaire, des verbatims couramment utilisés, des tics ou toutes autres postures non verbales.

  • Dresser la carte d'interactivité des personnages. Qu'est-ce qui les relie entre eux ? Ceci officiellement ou officieusement. Les informations secrètes vont vous y aider. Par exemple, si le personnage de Madame Lacroix, riche industrielle dans l'agroalimentaire, a contracté des dettes dans ses informations secrètes, vous allez pouvoir définir auprès de qui. Dans une murder de type enquête cela pourra même constituer un mobile crédible. Vous pourrez de ce fait relier les personnages entre eux. Vous constituerez ainsi votre première carte interactive. Elle évoluera avec les éléments de l'intrigue que vous aller concevoir.


L'intrigue



  1. Cadre ou lieu : Choisissez un cadre intéressant pour votre histoire (par exemple, un manoir ancien, un bateau de croisière, un événement de gala). Il vous faudra bien relier l'univers défini plus haut avec ce cadre. Cela permettra d'ajouter de la profondeur à l'intrigue, et de faciliter l'immersion des joueuses et joueurs.

  2. Victime : S'il y en a une, déterminez qui est la victime et pourquoi cette personne pourrait être la cible. La victime peut avoir des liens avec tous les autres personnages, créant un réseau de suspicions. S'il n'y pas pas de victime, parce que vous jugez qu'il est plus intéressant de définir un acte criminel ou de suspicion qui ne se rattache pas à une personne, il sera nécessaire de définir ce qui lie cet évènement aux personnages.

  3. Coupable(s) : Décidez qui est le ou la coupable et comment il a commis le crime. Il devrait y avoir des indices subtils qui mènent à cette personne, mais suffisamment de fausses pistes pour maintenir le mystère (voir plus bas). Dans les murders, le ou la coupable se cache parmi les joueurs et joueuses. Vous pouvez même définir plusieurs coupables ou des complices. Si vous estimez que ce rôle va être difficile à assumer par vos participantes et participants, vous devrez créer ce que l'on appelle des personnages non joueurs. Ces derniers pourront être interprétés par vous même ou à minima faire l'objet d'une fiche. Vous comprenez que vous définissez, dans l'une ou l'autre option, une interaction plus ou moins importante, voire nulle avec les suspects.

  4. Mobile(s) : Chaque personnage, peut être suspecté, il doit avoir un ou plusieurs mobiles plausibles pour commettre le crime, qu'il s'agisse de jalousie, de cupidité, de vengeance, ou d'un secret à cacher. Là encore vous avez une mine d'informations parmi les secrets de vos personnages.

  5. Indices : Semez des indices tout au long de l'intrigue que les participants peuvent découvrir. Certains indices doivent être de fausses pistes. Elles vous serviront à détourner l'attention des participants du véritable coupable et compliquer l'enquête. Si le jeu est trop facile vous allez perdre l'intérêt de vos participantes et participants, ne sous-estimez pas ce point.

  6. Chronologie des événements : Ce n'est pas toujours une obligation mais vous pouvez créer une chronologie qui détaille le déroulement des événements avant, pendant, et après le meurtre ou l'incident criminel. Cela pourra vous servir pour positionner des alibis ou donner des indices temporels.

  7. Résolution : Prévoyez une conclusion satisfaisante qui explique la solution de l'énigme et révèle les secrets et les mobiles de tous les personnages. Il faut anticiper le débrief et éviter le sentiment d'injustice pour les joueuses et joueurs très compétitifs.


Une dernière chose très importante

Une murder se prépare en amont pour l'animateur ou l'animatrice, mais également pour les participantes et participants. En effet, dans la plupart des cas, et cela pour mieux préparer la séquence de jeu le jour j, les différents rôles sont envoyés en amont. Vous allez devoir partager, et indiquer à chaque personne, la confidentialité des informations à minima dans ce qui doit rester caché à l'ensemble des joueuses et des joueurs. En ce qui me concerne, j'utilise une messagerie instantanée qui permet de communiquer à des groupes, mais aussi individuellement. Cela reste très pratique en amont, ainsi que pendant la partie.


Et l'animation ?



L'animation est clé dans ce type de support ludique. Nous avons néanmoins des facilités ou des appréhensions. Abordons cela par les différentes phases de jeu.








  • La phase de lancement. On peut la considérer comme une phase d'accueil et de cadrage. Il est important d'accueillir les personnes de manière à briser la glace et faciliter le temps de jeu qui va suivre. Cela peut passer par une mise en décors, une phase d'interconnaissance. N'oubliez pas à cette étape de préciser ou repréciser les règles si vous ne l'avez pas fait dans une communication en amont du jour j. J'entends par là les règles du jeu mais aussi les règles de bonne interaction, autrement dit ce qui peut être dit ou non, ce qui peut être fait ou non.

  • La phase de jeu. On peut considérer 3 niveaux d'animation en fonction de votre pratique et de vos envies :

[Animation "ça roule tout seul"]

C'est le niveau le plus simple. Tout est préparé à l'avance. Vous n'avez qu'à lancer la séquence de jeu et définir sa durée. Les joueuses et joueurs interagiront à leur convenance pendant ce temps et la solution leur sera proposée à la fin de ce temps de jeu sous la forme de vote à bulletin secret.

[Animation dynamique]

Dans ce niveau d'animation, vous aller interagir avec les personnages, le lieu et la temporalité de votre séquence de jeu. Vous allez dynamiser la séquence de jeu en distribuant des indices, des messages secrets. Cela peut se faire en fonction de l'avancée des participantes et participants, ou bien dans un timing précis. Pour légitimer votre interaction, il vous faudra prendre une posture interventionniste inscrite dans l'histoire ou par omniscience.

[Animation roleplay]

C'est le niveau le plus immersif. Attention à ne pas proposer aux personnes qui n'ont pas l'habitude de jouer un rôle. En effet, les participantes et participants vont parler et agir dans la peau de leur personnage. Dans ce cadre d'animation, il vous faudra endosser un rôle de maitre ou maitresse de cérémonie et faire partie des personnages et jouer avec eux pour garantir l'immersion.


  • La phase de débrief. Je ne vais pas m'étendre sur cette partie car elle dépend de vos intentions pédagogiques, de sensibilisation etc... L'important, dans votre déroulé de débrief, est de rebalayer les différents points avec vos participantes et participants. Vous pouvez par exemple leur demander leur vécu ou leur ressentit, afin de raccrocher leurs retours au point que vous voulez aborder et d'enrichir si besoin par des éléments complémentaires.


Maintenant c'est à vous de jouer 😉


Références

  1. Active learning increases student performance in science, engineering, and mathematics, S. Feeman et al, Proc Natl Acad Sci U S A, 2014 Jun

  2. Huitième entrée de la taxonomie des plaisirs ludiques de LeBlanc

 
 
 

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